Protégez-vous, posez vos limites !

Nous avons grandi dans un monde fait d’infini où la notion de limite est généralement vécue de manière négative. Barrière à notre liberté, manque d’ambition, obstacle à notre droit au progrès, manque de rigueur… Notre aversion pour les limites est forte et ancrée profondément dans notre mémoire collective. Dès que nous commençons à parler de limites au travail, en politique comme en famille, les esprits s’échauffent.

La notion de limite est pourtant un élément de progrès. Progrès pour soi, progrès pour son équipe, progrès pour le vivant. Nous l’utilisons pourtant encore trop peu et trop mal. Laissez-moi vous convaincre pourquoi vous devriez considérer certaines limites pour mieux réussir vos projets cette année.

Toutes les limites se valent-elles ?

Avoir de meilleures notes à l’école, poursuivre ses rêves pendant ses études, travailler toujours plus en classe préparatoire, faire fortune en arrivant dans le monde du travail, travailler toujours plus intensément, produire toujours plus de fast fashion… toutes ces activités n’ont pas le même rapport à la notion de limite. Il ne fait pas sens de limiter ses notes pour ne pas être trop bon élève. Mais limiter sa consommation d’habits permet de protéger les ressources de notre planète fait sens.

Poser des limites peut créer de la valeur (économique, sociale ou environnemental). Donc toutes les limites ne se valent pas. C’est une évidence aujourd’hui dans un nombre grandissant de domaines tels que l’écologie, la santé ou le travail, certaines limites sont utiles à notre bien-être.

Comment découvrir des limites utiles ?

Connaître ses limites est toujours une démarche empirique. On ne sait pas si son corps est fait pour courir 42,125 km sans commencer par courir. On ne sait pas par avance si travailler plus de 12h par jour est propice à sa réussite professionnelle sans essayer – souvent en début de carrière -. S’imposer des limites écologiques pour respecter les accords du climat pour 2050 est là aussi une démarche empirique faite d’échecs et de réussites. Dormir 5h par jour n’est peut-être pas fait pour nous mais seulement après l’avoir expérimenté. Nous découvrons nos limites en tirant les leçons de nos expériences.

Découvrir ses limites apporte un déjà un premier gain : celui d’en être conscient. Cette conscience ouvre la voie du progrès, qu’elle aboutisse à des actions conscientes ou inconscientes.

En expérimentant de nouvelles limites, nous découvrons peu à peu les limites qui nous sont utiles et délaissons celles qui le sont moins. Cette démarche empirique nous permet de découvrir peu à peu quels sont nos réels besoins. Je pense que beaucoup de personnes n’utilisent pas le concept de limites car elles n’ont pas identifié leurs vrais besoins. La suite de cet article vous propose une réflexion sur 4 besoins qui me semblent vous intéresser et pour lesquels je mets en évidence l’intérêt de limites :

  • Le besoin d’être en bonne santé au travail
  • Le besoin d’être agile au travail
  • Le besoin d’être mieux avec soi-même
  • Le besoin d’être en harmonie avec l’environnement

Besoin d’être en bonne santé au travail

Commençons déjà à éviter la maladie professionnelle du siècle : le burnout. Combien de personnes connaissez-vous qui en ai déjà eu ? Trop j’imagine.

Voici, avec mes propres mots, comment je définis ses causes :

Un risque de burnout existe lorsque la charge est élevée de manière persistante, que les contraintes sont élevées, et que le relationnel est dégradé.

Cette définition porte l’attention sur les facteurs de risques dans un objectif de prévention.

Plutôt qu’apprendre à détecter les signes du burnout pour l’identifier, nous devrions apprenons à le prévenir. Je vous invite à vous poser les questions suivantes, en tant que manager, équipe ou collaborateur :

  • Quelles limites avez-vous mis en place pour vous protéger d’une charge de travail élevé et persistante ? À titre individuel et à titre collectif.
  • Quelles limites avez-vous pour gérer vos relations ? Les avez-vous partagés avec les personnes concernées ?
  • Quelles limites avez-vous définies sur les contraintes à produire un travail de qualité ?

Vous pouvez faire cet exercice dans un tableau.

Besoin d’être agile au travail

Beaucoup de gens confonde Agilité et bordel. Ce qui distingue la première de la seconde est pour moi, vous l’aurez deviné, la notion de limite. Et il existe un certain nombre de limites dans l’Agilité. En voici quelques exemples :

  • Peut-on tout accepter de la part de ses clients ? Seulement si vous acceptez de vous faire écraser. Une pratique rigoureuse de l’Agilité vous amènera à définir des limites de ce que vous acceptez de vos clients sans vous compromettre, de quand interagir avec eux, et de quand faire pivoter vos engagements pour leurs bénéfices.
  • Peut-on tout discuter et tout faire avec son équipe ? Vous ne vous marriez pas avec vos collègues ! Vous passez des contrats avec eux également.
  • Peut-on travailler sur tous les sujets en même temps ? Si vous voulez seulement vous occuper, allez-y. Si vous voulez produire de la valeur, il vous faudra nécessairement vous concentrer sur un nombre réduit car notre cerveau est lui aussi limité à gérer en qualité plusieurs sujets en parallèle.

Et vous, quelles limites avez-vous défini dans votre cadre de travail agile ?

Besoin d’être mieux avec soi-même

Se reconnecter à ses besoins, s’aligner sur ses valeurs, comme devenir authentique dans ses relations aux autres passent à un moment par définir des limites. Ce monde fait d’infini paradoxalement nous empêche de nous accomplir. Beaucoup d’individus sont bloqués à devenir eux-mêmes car ils ne connaissent pas leurs limites et ne peuvent donc pas les communiquer. Combien d’individus ne pas réussissent pas à dire non ? Vous en faites peut-être parti ?

Au travail comme dans la vie privée, ne pas réussir à poser ses limites entraîne souvent des jeux relationnels dangereux. Alors n’attendez plus et travaillez-y seul, avec vos proches ou avec un professionnel.

Quand vous vous autorisez à poser des limites pour être mieux avec vous-même, j’ai remarqué trois phases par lesquels vous passerez :

  1. Imposer aux autres vos limites sans les expliquer. Cela aura pour effet de vous rendre fier de réussir à les exprimer mais aura tendance à bloquer la collaboration.
  2. Les exprimer aux autres pour trouver une solution acceptable et en acceptant des refus. Vous aurez non seulement appris à exprimer les limites, mais aussi à gérer la relation.
  3. Les faire glisser, les déporter, les lisser à force de collaboration seine avec les autres dans une forme d’harmonie et de plasticité. Plasticité car les limites nous servent pour être bien avec nous-même, mais ne nous définisse pas. C’est un apprentissage personnel récent que je vous offre.

Besoin de vivre en harmonie avec l’environnement

Le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires a publié en octobre 2023 un rapport évaluant la France sur les 9 limites planétaires à l’origine des travaux de Johan Rockström. Là aussi, des limites existent pour nous permettre de vivre en harmonie avec notre environnement. C’est le grand enjeu de notre siècle. Vous trouverez ci-dessous une double page de la synthèse du rapport (les pages 5 à 9 vous définirons les 9 limites de manière quantitative).

Et vous, quand poserez-vous vos limites ?

Il existe beaucoup de limites intéressantes qui peuvent servir à protéger vos besoins. Ne cherchez pas à les accumuler, cherchez à sélectionner et respecter celles qui répondent à vos vrais besoins. Et partagez-les à votre entourage personnel ou professionnel. Si vous les gardez pour vous, il est probable que les autres ne les respectent pas ou vous pousse à ne pas les respecter. Je vous souhaite de considérer davantage les gens qui connaissent et expriment leurs limites que les gens qui se mettent en colère lorsque ses limites sont dépassées sans donner la possibilité aux autres de préserver la relation.

Enfin, pour trouver de la pérennité à votre démarche, il est nécessaire de développer une qualité essentielle : celle de vous imposer à vous même de respecter vos limites. Soyons honnête, même pour quelqu’un de rigoureux, respecter ses limites est un travail difficile. Une raison de plus pour rationaliser le nombre de limites que vous suivez, et vous concentrer sur vos vrais besoins.


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